annihaya

MALAYEEN - sans titre (Annihaya, 2013)
Le label Annihaya, comme son cousin Al Maslakh, se consacre principalement à la promotion de la musique expérimentale libanaise, en lorgnant plutôt du côté de l'électro et du rock (par rapport à Al Maslakh qui s'intéresse plus aux improvisateurs. Ainsi du trio Malayeen qui navigue entre musique électronique, traditionnelle, post-rock, tout en intégrant également pas mal d'expérimentations sonores.

Malayeen est un trio éclectique donc, composé de certains des plus importants musiciens libanais actuels (en certains des plus actifs) : Raed Yassin au clavier, platines et électronique, Charbel Haber à la guitare électrique et à l'électronique, Khaled Yassine à la darbouka et aux percussions. Leur musique est un mélange étonnant et abouti de nappes et d'ambiances electronica, de solo (guitare et clavier) sur des modes orientaux qui peuvent rappeler l'improvisation dans les maqam, de samples de musiques populaires issues du Machrek, d'un accompagnement rythmique rapide et virtuose à la darbouka. L'atmosphère est parfois festive, parfois ambient, parfois jazz, et même drum'n'bass à la fin ; et pourtant, il y a une grande cohérence qui traverse ces sept pièces. Il y a d'une part la même énergie qui travers tout le disque, le m^me enthousiasme à créer une musique personnelle à partir d'éléments disparates, et surtout la même volonté d'explorer des territoires nouveaux, personnels et uniques, et d'essayer de les partager au maximum grâce à l'utilisation et à l'intégration d'éléments populaires.

Malayeen parvient à marier des traditions qui auraient pu paraître inconciliables et à produire une musique vraiment fraîche, enthousiaste, généreuse et innovatrice.

RABIH BEAINI - Albidaya (Annihaya, 2013)
Albidaya est un disque solo paru en CD et LP de Rabih Beaini (orgue, synthétiseur analogique, guitare koudede, séquenceur, voix). On retrouve encore parfois des éléments traditionnels, mais il s'agit d'une musique plus abstraite cette fois. Plus abrasive aussi, les huit pièces qui forment Albidaya sont plus marquées par la noise (synthétiseur analogique oblige...). Rabih Beaini propose une suite de pièces folk grandement empruntes d'abstraction sonore et de parasitage électrique. Des boucles électroniques, des nappes ambient d'orgue électrique, sur lesquelles se greffent parfois des improvisations du saxophoniste Piero Bittolon Bon, des improvisations assez jazz qui n'hésitent cependant pas à utiliser les pédales de distorsion jusqu'à ce que le sax se transforme en guitare. 

La musique proposée ici peut rassembler les amateurs de folk et d'electronica qui n'ont pas peur du bruit. Elle pourrait peut-être même plaire à certains amateurs d'electrojazz ou de fusion. A ceci près qu'il s'agit quand même d'une musique souvent abstraite et corrosive, malgré les douces nappes et les boucles. Du très bon travail de neo-folk, un travail qui comprend de la recherche sonore pure, du sensualisme, de la musicalité et de la créativité.