Michel Doneda, John Russell, Roger Turner - The cigar that talks


MICHEL DONEDA, JOHN RUSSELL, ROGER TURNER - The cigar that talks (ESAH, Collection PiedNu, 2010)

Michel Doneda: saxophones soprano & sopranino
John Russell: guitare acoustique
Roger Turner: batterie & percussions

01-Miss Antoinette
02-Les Brumes
03-Palming
04-Tous Toux
05-Eyes On Oncle

Première production de l'Ecole Supérieure d'Art du Havre, The Cigar That Talks réunnit trois maîtres de l'improvisation franco-anglaise: Doneda, Russell et Turner. Aucun doute quant à leur origine, nos trois musiciens sont bien européens, ce qui ressort immédiatement de leur musique: une grande irrégularité rythmique, voire une absence notoire de pulsation, des notes réprimées au profit du timbre, une abstraction proche de l'austérité. Face à toutes ces contraintes volontaires, comment s'en sort ce trio? La richesse de l'instrumentation (cordes, bois, percussions) alliée à la virtuosité de chacun des instrumentistes permet l'exploration d'un territoire sonore tout de même assez frais et dépaysant. Le mélange des harmoniques, des polyphoniques et du souffle de Doneda, s'accordent parfaitement avec les grattements et frottements percussifs de Turner ainsi qu'avec le jeu très serré, sec et parfois discret de Russell. Chacun à l'air de ponctuer le discours de l'autre, tous les morceaux ressemblent à une grande phrase polyphonique et contrapunctique. La personnalité de chacun est nettement préservée, elle n'est pas noyée dans le flux sonore, ni submergée par un intérêt excessif porté au timbre. Pourtant cet intérêt est bien présent, le traitement du timbre, et du son en général, est absolument fondamental dans ces improvisations. Tous les trois n'utilisent que peu d'instruments finalement: 2 saxophones pour Doneda, une guitare pour Russell, et une batterie réduite au minimum pour Turner. Mais l'exploration est instrumentale avant d'être sonore, chacun conserve ce qui fait l'originalité de son instrument et en exploite toutes les potentialités. De cette démarche émerge alors des improvisations énergiques, tendues, abstraites, violentes ou relaxantes, mais toutes sont marquées par un aspect indéniablement aventureux, créatif et spontané.